Remanier l’hippocampe permet aux souris Alzheimer de retrouver la mémoire des autres

© Laure Verret, CRCA-CBI

L’aire CA2 de l’hippocampe est une structure cérébrale nécessaire à la mémoire sociale, fonction profondément altérée dans la maladie d’Alzheimer. Cette étude, publié dans la revue iScience, montre que des souris modèles d’Alzheimer sont incapables de se souvenir d’une congénère, et que ceci est associé à des anomalies anatomiques et fonctionnelles de CA2. Cependant, une seule injection de la protéine NRG1 dans CA2 permet aux souris Alzheimer de retrouver une mémoire sociale.

Parmi les troubles cognitifs des patients et des patientes atteintes par la maladie d’Alzheimer, l’affection de la mémoire sociale, c’est-à-dire l’incapacité à mémoriser les personnes qu’elles rencontrent ou qu’elles ont connues dans le passé, est sans doute l’une des plus difficiles à vivre, tant pour les patients que pour leur entourage. Cependant, les mécanismes neuronaux qui sont à l’origine de la mémoire sociale demeurent peu connus.

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Reference

Altered inhibitory function in hippocampal CA2 contributes in social memory deficits in Alzheimer’s mouse model.
Rey CC, Robert V, Bouisset G, Loisy M, Lopez S, Cattaud V, Lejards C, Piskorowski RA, Rampon C, Chevaleyre V, Verret L.
iScience. 24 février 2022. doi: 10.1016/j.isci.2022.103895.

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Laure Verret

Un neuropeptide-clé pour la motivation alimentaire et l’apprentissage des abeilles

© Martin Giurfa & Gabriela de Brito Sanchez

En effet, des abeilles butineuses dont les niveaux internes de sNPF sont augmentés artificiellement montrent non seulement une appétence accrue pour la solution sucrée mais apprennent et mémorisent mieux des couleurs associées à cette récompense alimentaire. L’augmentation de sNPF change même la conduite des individus rassasiés qui se comportent alors comme s’ils étaient affamés, prouvant ainsi le rôle majeur de ce neuropeptide dans la motivation alimentaire des abeilles.

Ces résultats sont publiés dans les revues iScience et Biology Letters.

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Références :

The short neuropeptide F regulates appetitive but not aversive responsiveness in a social insect.
Bestea L, Paoli M, Arrufat P, Ronsin B, Carcaud J, Sandoz JC, Velarde R, Giurfa M, de Brito Sanchez MG.
iScience. 11 décembre 2021. doi: 10.1016/j.isci.2021.103619.

The short neuropeptide F (sNPF) promotes the formation of appetitive visual memories in honey bees.
Bestea L, Briard E, Carcaud J, Sandoz JC, Velarde R, Giurfa M, de Brito Sanchez MG.
Biol Lett. 18 février 2022. doi: 10.1098/rsbl.2021.0520

Le CO2, un indice social favorisant l’expression de la mémoire chez la drosophile

© David Villa / Guillaume Isabel

Dans cette étude publiée dans la revue Current Biology, les scientifiques montrent que le CO2 libéré par des mouches drosophile dans un groupe recrute une mémoire cryptique de longue durée, qui s’ajoute à la mémoire individuelle existante.

Ils identifient le réseau neuronal qui sous-tend cette mémoire dépendante du CO2 et suggèrent que des variations naturelles de CO2 peuvent moduler les processus cognitifs chez les insectes.

L’animal présente l’aptitude d’établir des liens associatifs entre des événements distincts, ou entre son propre comportement et ses conséquences directes. Face à un environnement aux sources d’information changeantes et complexes, l’animal peut ainsi adapter rapidement son comportement en intégrant ses expériences passées, optimisant ainsi la qualité de sa prise de décision. Les interactions entre animaux constituent une source importante d’information. La contribution des interactions sociales dans l’acquisition de nouvelles informations a ainsi beaucoup attiré l’attention. Cependant, l’influence du contexte social sur la restitution d’une information préalablement acquise est encore peu connue.

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Reference :

Social facilitation of long-lasting memory is mediated by CO2 in Drosophila.

Muria A, Musso PY, Durrieu M, Portugal FR, Ronsin B, Gordon MD, Jeanson R, Isabel G.

Curr Biol. 2021 Mar 12. doi: 10.1016/j.cub.2021.02.044

Contact :

Guillaume ISABEL

 

La pollution au plomb, même à très faible dose, nuit à l’apprentissage des abeilles

© Coline Monchanin

Depuis une trentaine d’années, les produits agrochimiques ont été identifiés comme des causes importantes du déclin des pollinisateurs. Cependant, les impacts d’autres polluants également très répandus, comme les métaux lourds, ont reçu beaucoup moins d’attention. Ces composés métalliques sont naturellement présents dans l’environnement mais leur utilisation dans l’industrie, l’agriculture et les applications domestiques ont considérablement élevé leurs concentrations dans le sol, l’eau, l’atmosphère et les plantes. Le plomb est particulièrement préoccupant à l’échelle mondiale et soulève de nombreuses questions de santé publique liées au saturnisme et certains cancers. Malgré l’omniprésence des métaux lourds dans l’environnement, nous ne connaissons rien (ou presque) de leurs effets sur les insectes pollinisateurs.

Pour tester ces effets potentiels, les chercheurs ont nourri des ruches d’abeilles domestiques avec du nectar contenant du plomb à des concentrations faibles (inférieures aux seuils réglementaires européens pour l’environnement) pendant 10 semaines.

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Reference :

Chronic exposure to trace lead impairs honey bee learning.

Monchanin C, Blanc-Brude A, Drujont E, Negahi MM, Pasquaretta C, Silvestre J, Baqué D, Elger A, Barron AB, Devaud JM, Lihoreau M.

Ecotoxicol Environ Saf. 2021 Apr 1;212:112008. doi: 10.1016/j.ecoenv.2021.112008. 

Contacts :

Coline MONCHANIN

Mathieu LIHOREAU

Des défauts topologiques à l’origine de la complexité des nids de termites Apicotermes

Les nids de termites du genre Apicotermes possèdent l’une des architectures plus complexes parmi toutes celles que construisent les insectes sociaux. Pour comprendre les mécanismes impliqués dans la construction de ces structures, les scientifiques ont combiné des techniques d’imagerie 3D et de modélisation mathématique.

Ces travaux publiés dans la revue PNAS, montrent que l’architecture de ces nids résulte d’interactions comportementales et physiques simples entre les termites et les structures qu’ils construisent et que les rampes linéaires et hélicoïdales reliant les différents étages d’un nid résultent de défauts topologiques (ou dislocations) qui émergent au cours de la construction et du remodelage du nid.

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Reference :

Self-organized biotectonics of termite nests

Heyde A., Guo L., Jost C., Theraulaz G. & Mahadevan L

Proceedings of The National Academy of Sciences USA 19 janvier 2021. https://doi.org/10.1073/pnas.2006985118

Contacts :

Guy THERAULAZ & Christian JOST

 

 

La drosophile est capable d’apprendre que A+B n’est pas égal à AB

La mouche est soumise à un problème où deux odeurs, A et B, sont séquentiellement associées à des chocs électriques à la suite de quoi ces mêmes odeurs sont représentées ensemble (AB) sans choc électrique. Lorsque la mouche est confrontée une fois à cette tâche, elle a tendance à se représenter AB comme la somme de deux odeurs précédemment punies. En revanche, confrontée plusieurs fois à cette tâche, la mouche a tendance à se représenter AB comme différent de A et B seules.
© CRCA

Pour la première fois, Matthias Durrieu, Antoine Wystrach, Patrick Arrufat, Martin Giurfa et Guillaume Isabel, du CRCA viennent de démontrer expérimentalement que les drosophiles sont également capables de résoudre une tâche d’apprentissage complexe. Cette étude a été récemment publiée dans la revue scientifique Proceedings of the Royal Society B.

Lire l’article sur le site de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier

 

Référence

Matthias Durrieu, Antoine Wystrach, Patrick Arrufat, Martin Giurfa and Guillaume Isabel

Fruit flies can learn non-elemental olfactory discriminations

Proc. R. Soc. B 287: 20201234.

 

Contacts

Matthias Durrieu & Guillaume Isabel

 

Étudier les déplacements animaux avec des réseaux

Milan noir équipé d’une balise Alteos, Argos/GPS/UHF, développée par l’entreprise XeriusTracking. © Virginie Perilhon

Que se passe-t-il dans la tête d’un animal quand il se déplace ? Comment cherche-t-il de la nourriture, des partenaires sexuels ou bien un site de migration ? Planifie-t-il son trajet ou se déplace-t-il au hasard ? Des éthologues du Centre de Recherche sur la Cognition Animale de Toulouse (CRCA-CBI / CNRS / Université Toulouse III Paul Sabatier) se sont associés à des écologues du Laboratoire Évolution et Diversité Biologique de Toulouse (EDB – CNRS / Université Toulouse III Paul Sabatier / IRD), des chercheurs de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT), ainsi qu’une entreprise spécialisée dans les outils de radio-traçage (Xerius), ont développé une nouvelle méthodologie à portée de tous, basée sur l’analyse réseau, afin de simplifier et caractériser les déplacements animaux dans l’espace et le temps. Cette nouvelle étude est parue dans la revue Methods in Ecology and Evolution.

La multiplication des outils de traçage automatisés permet aujourd’hui d’obtenir facilement des données de déplacement à haute résolution pour un grand nombre d’espèces animales. Au niveau le plus élémentaire, il est possible de visualiser la séquence des positions de l’animal en joignant celles-ci par une ligne, c’est-à-dire tracer la trajectoire de l’animal. La vitesse, la distance parcourue entre deux positions successives, le temps de séjour dans une position spécifique et les changements de direction, sont quelques-uns des principaux paramètres qui peuvent être extraits de cette trajectoire. La variation de ces paramètres tend à être corrélée avec les changements de comportement d’un individu. Cependant, jusqu’à présent, ces variations ne fournissaient que peu d’information sur la dimension temporelle des trajectoires.

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Reference :

Analysis of temporal patterns in animal movement networks

Cristian Pasquaretta, Thibault Dubois, Tamara Gomez-Moracho, Virginie Perilhon Delepoulle, Guillaume Le Loc’h, Philipp Heeb & Mathieu Lihoreau

Methods in Ecology and Evolution, January 2020. DOI: 10.1111/2041-210X.13364

Contacts :

Le blob est capable de percevoir le stress de ses congénères

© Audrey Dussutour

Aujourd’hui, les chercheurs démontrent qu’il est capable de percevoir le stress de ses congénères et d’utiliser cette information sociale pour éviter de potentiels dangers. Ces résultats sont publiés dans la revue Philosophical Transaction of the Royal Society B.

Le blob est un organisme unicellulaire dépourvu de système nerveux qui habite les sous-bois humides et sombres. Des scientifiques viennent de démontrer que le blob peut détecter le stress de ses congénères. Cette découverte fait suite à une précédente étude qui démontrait que les blobs étaient capables de détecter la présence de leurs congénères dans l’environnement. En effet, lorsqu’ils se nourrissent les blobs excrètent des substances chimiques qui sont attractives pour les blobs qui se situent à proximité et qui sous-tendent leur agrégation.

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Reference :

Stress signalling in acellular slime moulds and its detection by conspecifics.

Briard L, Gourjade C, Bousquet C,  Dussutour A.

Philosophical Transactions of the Royal Society B. 18 May 2020. doi.org/10.1098/rstb.2019.0470

Contacts :

L’aversion au risque guide les fourmis, Pour la Science

La fourmi Melophorus bagoti utilise sa mémoire visuelle pour retrouver son chemin. © Antoine Wystrach

Extrait de l’article de Sean Bailly :
« La fourmi est capable de mémoriser un trajet de 100 mètres, même dans un environnement complexe, pour accéder à une source de nourriture. Chez certaines espèces, cette capacité à reconnaître son chemin repose principalement sur la vision. Les chercheurs comprennent relativement bien comment cette mémoire visuelle est utilisée par la fourmi. Ce qui est beaucoup moins connu, c’est le mécanisme d’apprentissage d’un nouveau chemin. Antoine Wystrach, chercheur CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale, à Toulouse, et ses collègues ont étudié le cas de fourmis confrontées à un obstacle, comme un trou ou un prédateur, sur leur chemin. Les fourmis s’adaptent très vite pour contourner l’obstacle. »

Lire l’article complet sur le site web de Pour la Science

Reference :

Rapid Aversive and Memory Trace Learning during Route Navigation in Desert Ants

Antoine Wystrach, Cornelia Buehlmann, Sebastian Schwarz, Ken Cheng, Paul Graham

Current Biology, Volume 30, Issue 10, 18 May 2020, Pages 1927-1933.

 

Abeilles – Une histoire intime avec l’humanité

Cet ouvrage collectif, rédigé par des chercheuses et chercheurs du CNRS et de l’Inra ainsi que des universitaires, nous dévoile le monde fascinant des abeilles – ce qu’elles ont, ce qu’elles sont et ce qu’elles font –, décrypte les liens qu’elles entretiennent avec la nature et l’humanité, les dangers qui les guettent et qui nous menacent, tout en abordant les solutions scientifiques pour y faire face.

Abeilles
Une histoire intime avec l’humanité

Sous la direction de Martine Regert avec notamment la participation de Martin Giurfa du Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA-CBI).
Préface de Jean Claude Ameisen
160 pages – 24.90 €
Mise en vente le 21 novembre 2019
Éditions : Le cherche midi

Voir le communiqué de presse du CNRS